Mon bilan sur les bons et les mauvais côtés de l’expatriation

Cela fait déjà près de quinze ans que je suis expatriée. Au départ, c’était un projet pour deux ou trois ans maximum… Le temps passe tellement vite ! J’ai vécu à l’étranger en couple et ensuite en famille avec un, puis deux enfants. J’ai habité dans cinq pays différents, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. À la lumière de ces expériences, j’ai eu envie de faire un petit bilan sur les avantages et les inconvénients de l’expatriation. Pourquoi travailler et s’installer à l’étranger ? Quels sont les bons côtés et les mauvais côtés de l’expatriation ? Car on ne va pas se mentir, même si j’adore ce mode de vie et même s’il présente de gros avantages, il y a également des inconvénients. Rien n’est jamais parfait ! Mon analyse est bien entendu basée sur ma propre expérience, qui peut différer en fonction des personnes et des destinations. Mais je me suis dit que ça pourrait être utile aux personnes qui hésitent à se lancer dans la grande aventure de l’expatriation. On fait le point ensemble dans cet article.

Lorsqu’on décide de s’expatrier, l’élément déclencheur est souvent une opportunité professionnelle. En tout cas, ça a été mon cas. Je vois donc deux sortes d’avantages : ceux pour la carrière de l’expatrié, et ceux pour sa famille.

La mobilité internationale est un formidable moyen de booster sa carrière. On a accès à des postes auxquels on n’aurait souvent pas pu prétendre dans le pays d’origine. Pour ma première expatriation au Vietnam, j’ai sauté sur une opportunité professionnelle qui ne se refusait pas : marketing et sales manager, j’avais une équipe de commerciaux à gérer, alors que j’étais jeune diplômée.

Au retour d’expatriation ou au fil des affectations à l’étranger, ces expériences sont prises en compte et on accède ainsi plus rapidement à des fonctions de direction et de management. Les progressions de carrières sont plus importantes.

Que l’on ait le statut d’expatrié ou que l’on soit sous contrat local, souvent le salaire est conséquent. Et si on a la chance d’avoir un contrat d’expat, on peut également recevoir des primes d’expatriation et des avantages matériels non négligeables (logement, école pour les enfants, billets d’avion, assurance santé, voiture de fonction, etc.).

Ce confort matériel permet d’améliorer sa qualité de vie, de prétendre à un logement et à un cadre de vie qu’on n’aurait pas pu se payer si on était resté dans le pays d’origine. Entre un petit appartement hors de prix à Paris et un logement de 100 m2 tous frais payés à Ho Chi Minh, il n’y avait pas photo !

Travailler à l’étranger permet de sortir de zone de confort, d’apprendre à rebondir et à avancer dans un milieu culturel qui n’est pas le nôtre, c’est un vrai challenge. J’ai développé mes capacités d’adaptation et mon sens de la diplomatie. Au début ce n’est pas facile, mais lorsqu’on a compris les codes, manager une équipe multiculturelle est une expérience très enrichissante.

Par exemple, au Vietnam, on ne dit jamais publiquement à un collaborateur qu’on n’est pas d’accord avec lui, car il perd la face. Cela se fait en tête-à-tête. Et même si je parle le vietnamien couramment, il m’a fallu du temps avant de comprendre que « oui » ne veut pas dire « oui je vais faire la tâche demandée », mais plutôt « oui j’ai bien entendu » !

J’ai travaillé avec des Anglais, des Australiens, des Américains et j’ai appris qu’on commence toujours par dire aux membres de son équipe qu’ils sont formidables : « You’re amazing, you’re doing a great job », avant de suggérer des améliorations.

Une fois qu’on a compris la culture locale, on s’adapte, et c’est une qualité précieuse pour sa carrière professionnelle.

C’était l’une de nos grandes motivations lorsque mon conjoint et moi avons décidé de partir vivre à l’étranger. Au fils de nos expatriations, nous avons découvert différents pays étrangers : cultures, traditions, coutumes, architecture, gastronomie, etc. On en prend plein la vue au quotidien ! Et c’est aussi l’occasion d’apprendre de nouvelles langues.

Les voyages ! ça c’est un bel avantage ! Plus besoin de prendre l’avion pendant dix heures pour être dépaysé ! On peut même faire des escapades de trois jours dans la ville ou le pays juste à côté.

C’est une chance inouïe pour les enfants, qui dès le plus jeune âge sont ouverts au monde, à la diversité, aux différences et à la beauté de notre planète. Partir en expatriation contribue à l’ouverture d’esprit de toute la famille.

S’expatrier est une sacrée aventure ! Cela implique de sortir de sa zone de confort et de surmonter ses peurs. On n’a pas d’autre choix que d’aller vers les autres, de vaincre sa timidité. Vivre à l’étranger m’a rendue plus résiliente. Cela me pousse à me dépasser et nourrit ma confiance en moi. Mon état d’esprit a grandi au fur et à mesure de mes expatriations. J’ai appris à voir le verre à moitié plein et à apprécier ce que les pays nous offrent.

Je ne vous cache pas que quand mon conjoint m’a annoncé qu’on partait au Turkménistan, je n’étais pas vraiment emballée, notamment à cause de nombreuses fausses croyances. Pourtant, je peux vous dire qu’aujourd’hui je suis heureuse d’avoir accepté cette aventure. Nous avons découvert un pays « hors-norme » et une belle culture. Nous avons fait des rencontres inoubliables.

Lorsqu’on vit à l’étranger en famille, on partage des moments forts et intenses. Visiter le pays, découvrir d’autres horizons, apprendre de nouvelles choses sont autant d’instants mémorables. Des souvenirs précieux que ma famille gardera toute sa vie.

Aujourd’hui nous sommes en Égypte, donc nous avons la chance de pouvoir rentrer en France régulièrement. Mais on a aussi longtemps vécu loin de nos familles. Alors naturellement on a resserré les liens avec nos enfants, pour se recentrer sur le cocon familial. Et finalement, je me rends compte qu’on partage plus de temps de qualité avec nos enfants. L’expatriation est une aventure extraordinaire à vivre en famille !

Au cours de ces quinze dernières années, j’ai rencontré des personnes formidables, tant des locaux que des expatriés qui venaient des quatre coins du monde. Nous avons tissé des liens avec des personnes de tous âges et de tous milieux. Si j’étais restée en France, jamais je n’aurais fait leur connaissance. J’ai noué de belles amitiés que rien n’ébranle, ni la distance ni le temps. Pour moi, la vie sociale est la clé d’une expatriation réussie. Les expats forment une grande famille.

Vous vous en doutez, tout n’est pas toujours rose. Il y a aussi le revers de la médaille. Mais je considère que les avantages de l’expatriation compensent largement ses inconvénients.

Évidemment, tout dépend de la distance avec votre pays d’origine. Si vous n’avez qu’à traverser la frontière en voiture, c’est une difficulté surmontable. En revanche, si pour rentrer vous devez voyager en avion pendant plus de 24 heures, c’est différent. On peut ressentir le mal du pays.

Être loin de ses proches peut être compliqué. On a l’impression de perdre cette relation régulière que WhatsApp ou Skype compensent difficilement. On ne se voit qu’une fois par an et tout est planifié des mois à l’avance, sans spontanéité ni surprise.

Lorsque nous habitions loin, il m’est arrivé de manquer des événements importants, comme des mariages, des naissances ou des décès. C’est un peu dur à encaisser… En 2010, j’ai reçu un coup de fil, il faisait à peine jour, il devait être 5 heures du matin. Ce n’est pas bon signe quand le téléphone sonne au milieu de la nuit avec un numéro français… C’était en effet pour une mauvaise nouvelle, ma grand-mère, ma deuxième mère, nous avait quittés. À l’époque, j’habitais au Vietnam, c’est 12 heures d’avion. Je peux vous dire que je n’ai pas hésité une seule seconde, j’ai sauté dans le premier avion.

La pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses. Dans certains pays, les expatriés sont bloqués depuis près de deux ans ! J’ai de la chance, je suis en Égypte depuis le début de la crise sanitaire et j’ai pu rentrer en France. Mais je connais tellement de gens qui n’ont pas revu leurs proches depuis 2019…

Malgré notre situation d’expats, nous arrivons à tisser des liens forts avec notre famille en France. Eh oui, cela semble contradictoire mais la distance rapproche aussi ! Nous avons cette habitude depuis quinze ans d’appeler nos familles tous les weekends, via Zoom ou Whatsapp. Je ne suis pas sûre que si nous étions en France nous aurions ces contacts réguliers.

Quand on rentre, on profite à fond d’eux. Les vacances en France sont souvent consacrées à la famille. Je ne pense pas que je passerais autant de temps en famille si j’étais juste à côté d’eux.

Et c’est pareil pour les enfants, au début j’avais des doutes, j’avais peur qu’il soit difficile de tisser des liens forts. Et en réalité, pas du tout (en tout cas chez nous). Mes enfants sont très proches de leurs grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines, et ce depuis tous bébés. J’ai toujours fait en sorte d’avoir à portée de main des photos de la famille. J’avais même confectionné des flashcards en plastifiant des photos de chacun.

Finalement, je me rends compte que les personnes les plus importantes pour moi sont toujours là et lorsqu’on se voit, on retrouve notre complicité comme si on s’était quittés la veille.

Il arrive qu’on se retrouve dans un pays d’expatriation complètement différent culturellement, en particulier en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient. Et même dans les pays occidentaux, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas forcément évident.

En fonction de la situation géopolitique du pays, des droits des femmes ou de la liberté d’expression, on peut ressentir un énorme décalage et avoir du mal à s’adapter.

À cela s’ajoute la barrière de la langue et les coutumes et règles de politesse qu’on ne maîtrise pas forcément, ce qui peut entraîner une véritable incompréhension. Dans ces pays-là, il est aussi souvent difficile de créer de véritables liens avec la population locale.

L’inconvénient de travailler à l’étranger est que parfois les différences culturelles sont telles qu’il peut être complexe de s’intégrer à l’équipe. Le management peut s’avérer très compliqué. Mais avec de la volonté et de l’opiniâtreté, tout est toujours possible et réalisable.

D’après mon expérience, plus le pays d’accueil est loin et difficile culturellement, plus la communauté expatriée est soudée. On se crée une véritable famille sur place, avec beaucoup d’entraide et de solidarité. Dans tous les cas, on apprend à s’ouvrir aux autres et à laisser de côté les aprioris.

Dans certains pays, la langue et un alphabet différents sont une barrière. Toutes les formalités et démarches administratives peuvent alors être très complexes et chronophages : visas, logement, impôts, abonnement internet, etc. Et quelle galère pour faire ses courses quand on n’a pas accès aux produits de première nécessité et qu’on ne comprend rien aux étiquettes des produits !

Mais finalement, on finit par s’adapter. Les premiers mois sont difficiles, au moment de l’installation. Et puis, le logement et les abonnements sont réglés pour de bon, et grâce aux réseaux d’expats, on récolte les bons plans pour trouver tout ce dont on a besoin. On apprend aussi à faire sans ces produits qui pourtant nous paraissaient indispensables. C’est aussi ça l’expatriation : système débrouille !

C’est un sujet qui me tient à cœur. L’expatriation est un véritable défi professionnel pour les conjoints suiveurs. Dans certains pays, le visa du conjoint ne permet tout simplement pas de travailler. Dans d’autres, le fait de ne pas parler la langue est un véritable obstacle pour accéder au marché du travail. Les diplômes de nombreuses professions ne sont pas reconnus à l’international. Il y a même des entreprises qui ne permettent pas aux conjoints de travailler sur place. Bref, partir à l’étranger peut être un réel frein à la carrière du conjoint qui a des difficultés pour trouver un emploi.

Heureusement, il existe des solutions, notamment :

• continuer à travailler pour son employeur à distance ;
• se lancer dans l’entrepreneuriat ou le freelancing ;
• se reconvertir et changer de voie ;
• se former ;
• etc.

Je vois l’expatriation comme une chance pour le conjoint d’expatrié de repenser sa vie professionnelle, tout en profitant des avantages de la vie à l’étranger.

Multi-expatriée, je sais de quoi je parle ! À chaque déménagement, il faut tout recommencer : s’installer, se faire des amis, trouver du travail, etc. À la longue, ça peut être épuisant. Pour le troisième point, la bonne nouvelle, c’est que j’ai la solution :

J’en avais assez d’être obligée de démissionner et de rechercher un emploi à chaque fois que mon conjoint changeait de poste. Alors un jour, j’ai dit stop. J’ai créé ma propre activité indépendante qui me suit partout dans le monde : Mrs Fanjat Ltd.

À l’origine, c’était juste une société de portage international, pour permettre aux expatriés freelances de facturer facilement leurs clients, où qu’ils soient sur la planète.

Et puis j’ai voulu aller plus loin. Je suis devenue mentor professionnel pour accompagner les expats qui souhaitent créer leur propre activité nomade, en devenant entrepreneurs ou freelances. Je partage mon expérience, mes tips, mes astuces, mais aussi mes erreurs et les écueils à éviter. Je guide mes clients sur le chemin de l’indépendance !

L’expatriation est une chance, un véritable voyage, alors profitez à fond ! Vous l’avez certainement compris, j’adore ce mode de vie. Toutes mes expats ont été magiques et je suis plus que fière d’avoir eu plusieurs vies en une. Alors, soyez acteur de votre expatriation !

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