Expat Carrière Nomade Interview – Hélène Sand Pedersen
Quitter son CDI et partir vivre à l’étranger, c’est le rêve de beaucoup de personnes. Nous sommes de plus en plus en quête de flexibilité, de mobilité.
Mais comment continuer à travailler tout en voyageant ? Mon objectif à travers les portraits d’Expat Carrière Nomade est de vous faire découvrir qu’il est possible de travailler autrement, qu’il est possible de voyager tout en travaillant.
C’est le projet de Hélène et son conjoint. Ils ont décidé de lancer leur propre activité et ainsi un jour devenir des digitaux nomades.
Dans cet article, je vous présente leur histoire, mais aussi un zoom sur leur cheminement. J’espère que cette interview vous donnera la force de croire en vous et vous permettra de poser la 1ère brique de votre projet nomade.
Bonne lecture.
Vous trouverez plus d’informations sur Hélène en bas de page.
Peut-on vivre de sa passion ?
Je m’appelle Hélène. J’ai un parcours assez particulier puisque j’ai entrepris différents cursus à l’université avant de trouver celui qui me convenait vraiment. En effet, j’ai tout d’abord étudié la musique dont un an à la Sorbonne de Paris, puis un an à Metz. En parallèle, je donnais des cours de flûte traversière, j’ai aussi remplacé une professeur de musique… Pour plusieurs raisons, à la fois personnelles et professionnelles, j’ai réalisé que la musique était certes une passion, mais absolument pas mon métier. Je me suis donc réorientée vers des études de Lettres modernes à l’Université de Lille. J’aimais beaucoup ces études, mais je n’arrivais jamais à me projeter : je ne voulais ni être bibliothécaire, ni professeur de français, ni chercheuse… Au milieu de ces deux années à Lille, j’ai rencontré l’homme qui allait devenir mon mari plus tard ; il étudiait alors la traduction. Comme il est danois, je l’ai parfois aidé à améliorer son français et ce fut un vrai déclic pour moi : j’adorais les langues étrangères et la traduction. C’est comme ça que tout a commencé ! J’ai ainsi étudié à la FTI-EII (Faculté de Traduction et d’Interprétation – École d’Interprètes Internationaux) en Belgique. J’ai ensuite suivi mon mari au Danemark où j’ai pu effectuer ma troisième année à distance.
Nous avons décidé de partir au Danemark, car mon mari pensait pouvoir trouver un poste fixe avec un meilleur salaire dans son pays d’origine. De plus, il n’avait pas habité près de ses parents depuis 12 ans ; il y voyait donc l’occasion de se rapprocher un peu de sa famille, de recréer des liens solides avec eux et pour moi, c’était une opportunité de vivre à l’étranger. On projette de rester trois ans maximum. Toutefois, on envisage aussi de déménager très prochainement en Irlande. Affaire à suivre donc.
Devenir freelance pour être libre et nomade.
Quand mon mari a entrepris des études de traduction, il avait l’objectif de s’installer en tant que freelance un jour et d’être plus libre et nomade. Avant de réaliser ce projet, il voulait tout de même avoir une expérience professionnelle et donc trouver un travail fixe dans une entreprise. Toutefois, en commençant ses recherches, il s’est vite aperçu que peu d’entreprises voulaient embaucher, du moins pas pour de la traduction pure et dure, mais beaucoup auraient accepté de sous-traiter ses services. Après mûre réflexion, nous avons décidé de nous lancer à notre compte plus tôt que prévu. Au départ, mon mari devait monter l’entreprise seul et je l’aurais rejoint dans l’aventure après avoir obtenu mon diplôme, mais pour des raisons administratives, il était plus facile de se déclarer tous les deux propriétaires de l’entreprise dès le début.
Dit comme ça, on dirait que ce fut chose facile de prendre une telle décision, mais pas vraiment. En effet, même si mon mari a un diplôme, il n’a que très peu d’expérience et moi, je n’ai pas encore de diplôme. Il a donc fallu se poser les bonnes questions : étions-nous prêts à être totalement indépendants ? Comment se valoriser quand on n’a aucune preuve de nos compétences ? Comment oser se vendre quand on n’est même pas sûr-e soi-même d’être crédible ? Beaucoup de doutes donc…
Puis un jour, on en vient à se dire : il faut juste oser. Qu’est-ce qu’on risque après tout ? Au pire, ça ne fonctionne pas et on fera autrement, mais au moins on aura essayé. Et puis si certain-e-s y arrivent, pourquoi pas nous ? Nous sommes deux personnes avec des qualités et des compétences. À nous d’y croire suffisamment pour en faire une force de travail et de vente.
Le plus difficile est évidemment d’être confronté-e à la pression sociale qui nous encourage plutôt à accepter n’importe quel boulot et presque à n’importe quel prix juste histoire de dire qu’on « gagne sa vie ». Ou encore à celles et ceux qui croient que la traduction, tout le monde peut le faire : il suffit de savoir prononcer trois mots dans une autre langue et voilà. Oui, mais non, c’est bien plus que ça et c’est à nous de valoriser ce que l’on a appris pendant plusieurs années pour convaincre aussi les potentiel-le-s client-e-s. C’est là qu’intervient toute la communication qui n’est pas chose aisée, surtout quand on n’y connaît rien au départ. Mais oser, c’est aussi apprendre sur soi, acquérir de nouvelles compétences, s’adapter, mûrir. C’est grâce à cela qu’on ne regrette pas de s’être lancés dans cette folle aventure.
Notre entreprise nomade répond à notre projet de vie.
Administrativement parlant, nous avons donc créé ce qui s’appelle une interessentskab au Danemark. Cela correspond à une société en nom collectif en France, même si j’ai l’impression qu’il y a quelques détails qui diffèrent. Dans tous les cas, pour faire court, notre entreprise = nous d’un point de vue juridique. En d’autres termes, si l’entreprise a des dettes, nous, en tant que personnes, avons des dettes.
Pour nous, cela ne représente pas de gros risques puisque, à priori, nous n’avons pas de dépenses régulières liées à l’entreprise. Tant que nous n’avons pas d’argent, nous n’investissons pas dans du matériel. Autrement dit, soit ça fonctionne et le compte se remplit, soit ça ne fonctionne pas et on stagne à 0. De plus, c’était le seul statut qui ne nécessitait pas d’investir dès le départ un certain capital.
Nous avons donc basé toute notre communication sur nos valeurs de travail. En effet, il existe, par exemple, énormément de bureaux de traduction qui proposent des services à des prix très compétitifs et qui font appel à des traducteurs plus ou moins formés qui acceptent de travailler pour moitié prix. Il fallait donc justifier, expliquer pourquoi il est intéressant de faire appel à nos services. Je précise que nous n’avons à aucun moment comparé nos valeurs à celles d’autres entreprises ou free-lances. Sur notre site, comme ailleurs, nous ne parlons que de nous-mêmes, de ce que nous défendons, sans attaquer qui que ce soit. Je vous partage ici notre raisonnement, puisqu’il nous a bien fallu réfléchir pour définir notre propre philosophie.
Nous avons construit notre entreprise pour répondre à notre projet de vie, qui est d’être plus autonomes et libres géographiquement parlant. Nous avons choisi d’être indépendants car nous souhaitons entretenir des relations durables avec nos clients et fournir un travail de meilleure qualité sur le long terme.
À chacun son poste pour entreprendre en couple sereinement.
Nous sommes certes un couple, mais avant tout deux personnes. Nous avons donc chacun nos qualités et nos défauts, des forces différentes, des compétences à la fois similaires et différentes, etc. Ainsi, on peut dire que l’on se complète l’un l’autre. Il n’a donc pas été très difficile de se départager les tâches, je dirais même que ça s’est presque fait tout seul.
En effet, même si je n’ai aucune formation en informatique, j’ai toujours été plus à l’aise sur un ordinateur que mon conjoint. Il m’a du coup été plus facile de me lancer dans la création du site Internet : j’ai lu pas mal d’articles et demandé conseil sur des groupes FB sur comment s’y prendre quand on n’y connaît rien et j’ai finalement tout fait moi-même (je parle de la forme du site, pas de son contenu).
En revanche, mon conjoint étant danois, c’est lui qui s’est occupé de se renseigner sur les détails juridiques et administratifs : comparer les différents statuts pour choisir celui qui nous conviendrait le mieux, les lois en vigueur pour rédiger les conditions de vente et autres. En réalité, nous avons construit trois sites en trois langues : anglais, danois et français. Certains articles sont écrits d’abord en français par mes soins, puis traduits par mon mari et vice versa.
Maintenant que nous avons terminé notre site (il y a toujours des choses à améliorer et à ajouter au fur et à mesure, mais il est fonctionnel et publié), nous passons donc à l’étape cruciale de recherche de clients. Pour se faire, nous avons rédigé un mail type, facilement adaptable et modifiable, qui nous permet d’écrire rapidement à différentes adresses que nous avons préalablement recherchées sur le net. Mon mari gère les contacts en danois et moi ceux en français et nous sommes tous les deux capables de remplacer l’autre si besoin. Nous avons obtenu bien plus de réponses que nous ne pensions, mais pas de commande. On en a déduit qu’il fallait qu’on procède différemment : nous allons donc chacun choisir un ou deux domaines et rechercher des entreprises spécialisées dans ce domaine.
Le plus difficile a été de ne pas se laisser trop influencer par la pression de notre entourage encore une fois : si tu n’as pas d’argent qui rentre, alors tu ne travailles pas. C’est comme si pour eux, tout ce que l’on fait au quotidien pour avoir des clients, cela ne compte pas, voire cela n’existe pas. Ils ne comprennent pas notre quotidien, c’est comme si on avait l’air d’attendre gentiment que ça nous tombe dessus. Bref, je trouve que c’est vraiment difficile de devoir constamment se justifier pour prouver qu’on travaille comme tout le monde.
Quels sont vos 3 conseils pour lancer une carrière nomade ?
1- La patience : le processus de création d’une entreprise prend du temps, beaucoup de temps et ce n’est pas toujours facile de travailler sans en cueillir les fruits tout de suite.
2- Ne pas se laisser influencer par les gens qui nous entourent et la pression sociale : beaucoup de gens ne comprennent pas que créer son entreprise, un site Internet, chercher des clients, c’est déjà du travail, même si on n’est pas payé tant qu’on n’a pas un client qui vient sonner à notre porte. Ils voudraient plutôt qu’on accepte n’importe quel boulot juste pour recevoir un salaire tout de suite.
3- Croire en soi, en son potentiel et en son projet. Je dirais que c’est le plus difficile parce que les doutes arrivent bien plus vite que la confiance en soi, surtout avec la pression sociale et celle de l’entourage comme je le disais plus haut. Il faut malgré tout garder la foi : chacun-e a des capacités, des compétences et des qualités utiles et intéressantes pour un-e client-e.
Le portrait d’Hélène vous donne envie de vous lancer à votre tour ?
🔸Rejoignez la communauté Expat Carrière Nomade : Une communauté d’entraide et de partage pour échanger sur votre projet nomade.
🔸 Devenez Freelance pendant votre expatriation et lancez votre carrière nomade, découvrez mon accompagnement Mentoring.
🔸 Vous souhaitez en savoir plus sur le portage international, contactez-moi.